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Libération
Interview

«Les banques vont faire payer le prix aux particuliers»

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Pour Jean-Paul Pollin, professeur, l’impact sur l’économie réelle sera grave et durable :
publié le 1er octobre 2008 à 7h03

Jean-Paul Pollin est professeur à l’université d’Orléans et membre du Cercle des économistes (1).

Jusqu’où peut aller l’effet domino ?

Personne ne peut le dire. Des listes circulent sur des banques pouvant être attaquées. Des opérateurs se livrent à une spéculation qui vire au jeu de massacre. Tout établissement dans la ligne de mire peut être amené à chuter, sans problème majeur d’insolvabilité.

La défiance actuelle dans le système bancaire serait entretenue par une «exubérance irrationnelle» ?

En grande partie. La crise de confiance est si généralisée qu’elle frappe des banques saines. Mais certaines se retrouvent en manque de liquidité, après avoir vu fondre leurs fonds propres via la dégringolade de leur cours boursiers.

Vit-on des «prophéties autoréalisatrices» ? Le simple fait d’avoir des doutes sur la solvabilité d’une banque peut-il provoquer sa chute ?

Complètement. Il suffit qu’on se méfie des uns des autres pour que les banques ne se prêtent plus entre elles. On parvient alors à un moment de fragilité tel qu’il n’y a plus d’argent disponible. C’est ce qui s’est passé lundi où le marché est devenu sec. Seules les banques centrales ont pu injecter de l’argent, à un niveau jamais vu hier.

Les paroles des politiques comme des banquiers sur la sûreté des banques ne suffisent plus à rassurer…

C’est vrai. Qui sera le prochain : Société générale, Crédit agricole, BNP ? De proche en proche, on y arrive. Mais les fonds à mettre pour spéculer contre ses grandes banques sont énormes. Et les autorités monétaires peuvent encore dire stop. C’est ce qu’il s’est passé pour Fortis et Dexia. Elles ont dit : «Non, cette banque n’est pas insolvable. Elle n’a pas à tomber en faillite. Elle a des actifs supérieurs aux passifs. Donc on se porte garant.»

Le petit épargnant a-t-il raison d’avoir peur ?

Non le petit épargnant n’a rien à craindre… Mais les banques feront payer le prix aux particuliers comme d’habitu