Lorsqu’il arrive à la tête de Renault en mai 2005, sa réputation le précède. Il est l’homme qui a redressé Nissan au Japon. Son style, direct, carré, sans encombre, en dit long sur ses manières. Surnommé «le Samouraï», considéré comme la star mondiale du management, Carlos Ghosn reprend rapidement la marque au losange en main et lui impose un pari ambitieux : devenir le constructeur généraliste le plus rentable et le plus compétitif d’Europe.
Pour cela il ouvre trois chantiers dans son plan triennal, Renault Contrat 2009. D'abord, accélérer le renouvellement de gamme, puis assurer la qualité des véhicules avec un modèle phare, la Laguna. Atteindre une marge opérationnelle de 6 % en 2009 et vendre 3,3 millions de voitures à la même échéance. L'ambition flatte les cadres. Les salariés pensent «ouf» tout bas, étonnés d'échapper à l'annonce d'un plan social. «Sa prise de fonction a été très médiatisée, se souvient Pierre Nicolas, représentant CGT au technocentre de Guyancourt. La politique de Renault s'est incarnée dans un homme. Ça a bien marché chez les salariés.»
Trahison. Deux ans et demi plus tard, le retour de bâton est amer. Le demi-dieu se fait bourreau. Le 24 juillet, il doit reconnaître que son contrat ne sera pas tenu. Il ampute l'objectif des ventes de 300 000 véhicules. L'écart pourrait encore se creuser, si l'état du marché automobile européen s'aggrave. Surtout, il annonce une réduction de 10 % des coûts de structure, traduite par 4 000 départs