Résumons la situation : un ingrédient, injecté dans un produit dans le but d’accroître sa rentabilité, a finalement révélé sa toxicité et suscité une telle crainte que désormais plus personne n’a confiance dans aucune liquidité. A présent, le marché n’a d’autre solution que de se tourner vers les pouvoirs publics pour régler la crise. Fait dérangeant, on apprend que des individus liés à l’autorité publique sont également proches des sociétés qui paraissent à première vue responsables de la crise.
A présent posons la question : le petit résumé ci-dessus correspond-il à la crise financière cristallisée à partir de Manhattan autour de la toxicité des subprimes ou à la crise alimentaire révélée à Shijiazhuang, capitale de la province du Hebei, par la toxicité de la mélamine dans le lait des enfants uniques chinois ? Réponse : à l’une et l’autre crise qui se déroulent selon une troublante analogie.
Dans un cas, on met un ingrédient en très petite quantité (de la titrisation hypothécaire) dans toutes sortes de produits financiers, même monétaires, afin d’en augmenter le rendement sans en modifier grandement le risque. Dans l’autre cas, on injecte quelques traces d’une molécule (la mélamine) dans du lait, afin d’en accroître la rentabilité pour le vendeur : plus de protéine, moins de coûts. Dans les deux cas, à l’arrivée, plus personne n’a confiance dans aucune liquidité (ici financière, là laitière), craignant que toute liquidité contienne l’agent toxique largement indétectable à l’