En une semaine, l’Union européenne a fait la démonstration que le pragmatisme n’était pas qu’une vertu américaine. Qu’a-t-on vu ? Des gouvernements, ne jurant pourtant que par le libre marché, qui se sont mis à nationaliser leurs banques pour les sauver du tsunami financier. Une Commission européenne, si sourcilleuse face à l’interventionnisme dans l’économie, qui a adapté dans l’urgence sa politique de concurrence afin de bénir des aides d’Etat massives. Une Banque centrale européenne, accusée d’autisme, qui fait preuve d’une réactivité étonnante, injectant depuis treize mois des centaines de milliards d’euros dans les circuits interbancaires et dont le président, Jean-Claude Trichet, soutient les plans de sauvetage public. Bref, ceux qui accusaient l’Union de rigidité idéologique en sont pour leur frais.
Colère. Pour autant, on peut difficilement parler d'une gouvernance économique. Si le Benelux et la France ont su travailler main dans la main pour sauver Fortis et Dexia, d'autres ont agi dans leur coin, sans coopérer. Ainsi, Dublin n'a pas hésité à décider, mercredi, de garantir pendant deux ans l'intégralité des dépôts des six grandes banques irlandaise (deux fois son PIB). Une décision qui a suscité la colère de la Commission, puisqu'elle exclut les banques non irlandaises et risque d'attirer les capitaux en Irlande. Chaque Etat a réagi, en réalité, en ordre dispersé face à l'urgence, et la coopération entre le Benelux et la France s'explique par le fai