Christian de Boissieu préside le Conseil d'analyse économique depuis 2003. Pour Liberation.fr, il s'exprime sur la récession de la France annoncée par l'Insee pour le second semestre 2008 et la réunion européenne à l'Elysée demain sur la crise financière.
Alors, récession ou bien «croissance ralentie» comme le dit pudiquement Jean-Claude Trichet, patron de la Banque centrale européenne?
Au sens technique oui, il faut parler de récession, puisqu’il y a deux trimestres consécutifs de baisse du produit intérieur brut. On ne va pas tortiller.
Que cela augure-t-il, selon vous ?
Je pense que l’on est au creux de la vague, à la fois en France, mais aussi en Europe et dans le monde. On a cumulé une conjugaison de crises : énergétique – qui soit dit en passant n’est pas réglée -, alimentaire – avec une hausse des prix, qui n’est également pas réglée – et maintenant financière. Si le plan Paulson est adopté – ce que j’espère bien évidemment –, ça va calmer le jeu à court terme. Mais ça ne va pas régler tous les problèmes. Et puis la crise financière internationale n’est pas réglée. Il faut encore plusieurs mois pour digérer les suites et éventuellement la fin de cette crise. Tous les chiffres négatifs actuels sont les conséquences de ces chocs. Et pour nous, Européens, jusqu’à l’été, il y a eu le choc du change, car on avait des taux trop élevés.
L’Irlande et la France sont en récession. L’Espagne peut-être demain, la Grande-Bretagne probablement