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Libération
Interview

«L’idéologie du marché-roi ne mourra pas d’elle-même»

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Naomi Klein Journaliste canadienne, activiste altermondialiste
par Naomi KLEIN
publié le 8 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 8 octobre 2008 à 6h51)

On vit un moment intense, de basculement, mais aussi de bouleversement - peut-être positif - dans la lutte contre le fondamentalisme néolibéral. L’évolution de la campagne de Barack Obama le prouve. Au départ, elle est centriste ; elle vire maintenant au référendum contre l’idéologie du tout-marché, pour davantage de régulation. Un changement radical pour les démocrates et surtout pour Obama, qui vient de l’université de Chicago, vivier de penseurs libéraux. Et qui reste entouré de conseillers très libéraux, comme l’ancien secrétaire au Trésor et directeur de Citigroup, Robert Rubin !

Malgré tout, le candidat démocrate se retrouve quasi piégé par la pire administration de l’histoire des Etats-Unis, qui a conduit à son apogée un capitalisme du désastre. Le plan Paulson de sauvetage de 700 milliards de dollars n’est, en ce sens, que la continuation de la politique de spoliation du gouvernement Bush. Il revient à sauver du naufrage les manipulateurs de Wall Street qui ont créé l’apocalypse économique, l’équivalent du 11 septembre 2001. Et la potion proposée par Washington a les mêmes contours que le Patriot Act. La petite élite encore au pouvoir utilise en effet l’atmosphère de peur et de panique pour appliquer d’urgence, sans le consentement de la majorité de la population, une thérapie d’urgence. Le même système d’extorsion, de braquage à grande échelle, a servi pendant plus de sept ans : piocher dans l’argent public pour appuyer une minorité d’acteurs privés. Un déni de démoc