Pourquoi ça va plus mal ? Pourquoi passe-t-on d'une crise de confiance à une sorte de crise de défiance ? Pourquoi les Bourses regardent, pétrifiées d'angoisse, la baisse des taux coordonnée des banques centrales comme un effet placebo ? André Orléan, professeur à l'école d'économie de Paris et directeur de recherche au CNRS résume la situation : «On vit une période inversement proportionnelle à la confiance exubérante» qui a poussé les bulles à gonfler et le marché à enfler démesurément. «Là, on assiste à un mimétisme de psychologie baissière que rien ne semble enrayer. C'est une crise systémique d'une gravité extrême, où il est difficile de localiser où et comment intervenir.» Car l'économie a deux ennemis, dit l'économiste Alexandre Delaigue (1) : l'avidité et la peur. Après avoir fricoté avec le premier, la voilà qui plonge dans les bras de la seconde. Et les politiques nagent en plein brouillard. «On a une visibilité de cinq à six heures», confiait-on hier à l'Elysée. Rassurant…
Des gardiens impuissants
La peur s'est infiltrée jusque dans les gardiens du temple de la confiance à tout prix, les banques centrales. Mardi, Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale américaine a alimenté le pessimisme, en évoquant la nécessité «de réexaminer sa politique monétaire». Son homologue européen, Jean-Claude Trichet, avouait, hier lors d'un forum à Evian, son impuissance : «Nous sommes arrivés à un point […] où nous allons