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Libération
Interview

«Les économistes deviennent plus politiques en vieillissant»

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Avant le Nobel, «Libé» avait interviewé Paul Krugman. Des propos inédits :
publié le 14 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 14 octobre 2008 à 6h51)

C’était le 8 août. Bien avant le plan Paulson de 700 milliards de dollars et la polémique sur son élaboration, son financement, son impact. Bien avant la dégringolade sans précédent des Bourses dans le monde entier et celle du Dow Jones, qui la semaine dernière a plus chuté que pendant la Grande Dépression. Bien avant la contagion de la crise financière à l’Europe, la mise en branle d’un plan massif par les Quinze. On avait longuement parlé avec Paul Krugman. On avait prévu de réactualiser l’entretien par mail. On s’est fait rattraper par la crise. L’entretien n’est jamais paru. Le voici.

Que raconte la crise financière, et la contagion des subprimes ?

On vit une crise immobilière sans précédent qui contamine le reste du monde, exacerbée et alimentée par la flambée des prix des matières premières et le problème de liquidités des banques. Ce qui est étrange, et on en parle souvent entre économistes, en rigolant, c’est qu’elle ressemble presque à un pastiche de toutes les crises depuis trente ans. Elle emprunte à la crise du système de Bretton Woods en 1971 avec la fin de la parité dollar-or ; au choc pétrolier de 1974, à la crise financière de 1988, aux crises asiatiques de 1997-1998, à la crise d’une bulle Internet en 2001, etc.

Y voyez-vous un risque de crise systémique ?

Les risques existent. Parce que, justement, cette crise tient du melting-pot avec, en plus, une récession d’un type nouveau. Elle n’est pas générée par des taux d’intérêt trop hauts. Elle sera peut-être moins forte que celle de 1929. Mais elle sera beaucoup plus longue. Elle ne devrait pas conduire à l’effondrement