A une trentaine de kilomètres de Poitiers, l’entreprise Deshoulières est l’un des fleurons industriels de Chauvigny, petite cité médiévale de 6 500 habitants, qui a vu naître cette manufacture de porcelaine en 1826. En 2002, au bord du dépôt de bilan, l’entreprise familiale est sauvée par Nikolai Tsvetkov, un ancien colonel de l’armée soviétique ayant fait fortune dans les années 90.
Six ans plus tard, l’accumulation des dettes vient de pousser l’actionnaire russe à prendre des mesures impitoyables. Le 30 septembre, à l’issue du conseil d’administration, il limoge le PDG, Yann Deshoulières, et le président du conseil de surveillance, le Russe Nikolai Gordeev. Et les remplace aussi sec par Cyrille Roze, 34 ans, et Gérard Zink, de quelques années son aîné, respectivement ex-président et ex-directeur général d’une filiale du groupe. Il ne reste plus qu’un rescapé de la famille Deshoulières - laquelle possède encore 15 % des parts du groupe - dans les rangs de l’usine familiale.
Goutte d'eau. Pétrole, gaz, secteur bancaire… rien ne résiste à Tsvetkov, magnat russe de la finance dont le portefeuille était évalué - avant la crise - à 5,2 milliards de dollars (3,8 milliards d'euros) par le magazine Forbes. Pour lui, qui avait préalablement acquis la célèbre Manufacture impériale de Saint-Pétersbourg, créant du même coup le pool Imperial porcelain holding, le secteur de la porcelaine est une goutte d'eau dans un empire financier colossal. D'où les craintes des salariés d