«Les Etats-Unis forcent neuf banques importantes à accepter une nationalisation partielle.» Cette manchette du Washington Post a de quoi terrasser d'une crise cardiaque tous les Américains, dans leur immense majorité apôtres inconditionnels de la sacro-sainte loi du marché. «Ailleurs, note le New York Times, on appellerait ça un programme de nationalisation. Mais il y a peu de chances qu'on le fasse ici, où le mot nationalisation est à éviter étant donné l'aversion envers tout ce qui évoque les méthodes socialistes.»«C'est une mesure essentielle à court terme, destinée à assurer la viabilité du système bancaire américain. L'intention n'est pas de supplanter la loi du marché, mais de la préserver», s'est excusé le président Bush hier. «Un pas radical». Brisant tous les tabous, le gouvernement américain a donc annoncé qu'il consacrera 250 milliards de dollars, soit un tiers du fonds de sauvetage de 700 milliards de dollars voté par le Congrès au début du mois, à recapitaliser les banques du pays. L'Etat fédéral prend ainsi des parts dans ces institutions, sans toutefois exiger un droit de vote au conseil d'administration.
A l'origine, ce fonds devait servir à racheter les mauvaises dettes des banques, mais le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, a, depuis vendredi, commencé à changer son fusil d'épaule. Cette injection de capital dans les banques «est un pas assez radical à franchir pour les Etats-Unis