Le soleil brillait hier sur Paris, et ça a chauffé dur au siège de la Caisse d’épargne où se tenait un conseil de surveillance extraordinaire. Au bout de six heures d’un conseil torride au sixième étage de l’immeuble de verre, avec vue plongeante sur la Seine, Charles Milhaud, le patron, a dû démissionner. Et avec lui deux autres dirigeants du groupe : Nicolas Mérindol, directeur général et Julien Carmona, en charge des finances et des risques.
La perte de 600 millions d'euros, révélée vendredi, par une équipe de traders qui jouaient au loto avec les fonds propres de la Caisse d'épargne, avait été baptisée «incident de marché» par la banque (Libération du 18-19 octobre). Les sommes avaient été placées sur des produits dérivés d'actions risqués. Mais cette banalisation de la perte survenant après les déboires de ses filiales Natixis et Nexity, a déplu en haut lieu. Après la colère de Christine Lagarde, qui s'était dite vendredi «frustrée et découragée» , Sarkozy a haussé le ton et exigé que les «responsables de cette affaire» en tirent les conséquences et ce, «à tous les niveaux». Bref, les sanctions annoncées dès vendredi, avec la mise à pied de cinq personnes, dont le directeur financier de la Caisse nationale des caisses d'épargne (CNCE), n'ont pas suffi. D'où la réunion d'hier.
Sacrifice.On attendait de Charles Milhaud, 65 ans, solidement implanté à la tête du groupe, qu'il se sacrifie. A quatorze mois de la fin de son mandat