Paul Krugman de l'université de Princeton a reçu le prix Nobel d'économie la semaine dernière. Ce prix a eu plus de retentissements que d'autres dans le passé parce que, depuis près d'une dizaine d'années, Paul Krugman est devenu une figure publique aux Etats-Unis du fait de ses célèbres chroniques dans le New York Times, très critiques à l'encontre de l'administration Bush. Du coup, le Nobel de cette année a été immédiatement interprété comme un Nobel anti-Bush. Cette interprétation ne lui fait pas justice.
Pour de nombreux économistes, ce Nobel ne fut pas une surprise. L’Américain est depuis quelques années sur la liste des nobélisables pour ses travaux théoriques sur le commerce international et l’économie géographique. Ceux-ci n’ont pas d’empreinte idéologique très marquée. Les économistes les plus conservateurs, même s’ils n’apprécient pas le polémiste, reconnaissent qu’il a profondément changé la théorie du commerce international. Ses modèles combinent réalisme et élégance et sont utilisés par tous. En introduisant les phénomènes de rendements d’échelle et de concurrence imparfaite dans les modèles de commerce international, il a remis en cause les analyses classiques de l’avantage comparatif. Il a montré qu’en donnant accès à de plus grands marchés, l’ouverture commerciale permet aux entreprises de produire à plus grande échelle et d’être plus efficaces. Il a ainsi expliqué que l’ouverture au commerce produit des bénéfices que l’analyse classique n’est pas cap