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Libération
grand angle

Un rêve embouti

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Découragé par une fronde paysanne, le groupe indien Tata renonce à construire près de Calcutta sa voiture low-cost. Un coup dur pour la région, imputable aux politiciens bengalis.
publié le 23 octobre 2008 à 6h51
(mis à jour le 23 octobre 2008 à 6h51)

Prabhu, 22 ans, est effondré. «Ce boulot était comme un rêve pour moi, je pensais que mon avenir était assuré, explique-t-il dans son village de Gopalnagar, à une quarantaine de kilomètres de Calcutta. Maintenant, je suis dans un tunnel noir. Je ne sais pas ce que je vais devenir.» Comme des centaines d'autres jeunes de cette région rurale, Prabhu avait touché le jackpot en décrochant une formation puis un emploi de mécanicien dans l'usine destinée à fabriquer la Nano, la fameuse voiture low-cost du constructeur indien Tata Motors, dont le modèle de base sera vendu à peine plus de 1 500 euros.

Mais le 3 octobre, les rêves de Prabhu se sont subitement écroulés. Après avoir suspendu les travaux de construction de l'usine pendant plus d'un mois, le PDG du groupe, Ratan Tata, a en effet décidé «à regret» de déménager le projet Nano hors de l'Etat du Bengale. Peu importe que l'usine soit déjà aux trois quarts construite, que le groupe ait investi 230 millions d'euros sur le site, et que la «voiture du pauvre» tant attendue ait été promise pour la fin de l'année : «On ne peut pas gérer une usine sous protection policière permanente.» Depuis plus de deux ans, le site de Singur était gardé jour et nuit par plus de 600 policiers et autant de gardes privés. Motif : d'incessantes manifestations de paysans réclamant qu'on leur rende une partie des terres achetées pour le projet. Courtisé par tous les Etats du pays pour relocaliser son usine, T