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Libération
EDITORIAL

Lénifiant

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publié le 31 octobre 2008 à 6h51

Le commentaire mensuel des chiffres du chômage est, on le sait, un exercice politique de pure langue de bois. Christine Lagarde en a fait hier la démonstration éclatante en déclarant que l’augmentation du nombre des demandeurs d’emplois est une «hausse contenue» qui «justifie pleinement» les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy mardi. Ce faisant, elle contredisait d’ailleurs Xavier Bertrand, avertissant quelques heures plus tôt que 8 000 chômeurs de plus, c’était une «mauvaise nouvelle». Et puis : une hausse «contenue»… mais contenue par quoi ? Par les contrats aidés mis en place si discrètement dès cet été ? On sait que ce traitement statistique du chômage - critiqué en son temps par le même Sarkozy - ne saurait constituer une politique. Est-ce le dopage des heures supplémentaires qui a «contenu» la dégradation de l’emploi ? Au contraire. Les entreprises les utilisent comme variable d’ajustement, aux dépens du recours à l’intérim. Or en ce moment, les heures sup fondent et de plus en plus d’intérimaires chôment.

Il faut regarder les choses en face. La crise dans laquelle nous entrons sera longue et pénible. Elle n’est pas sans rappeler le terrible précédent de 1993, qui voyait les PME disparaître en cascade. Décidément en veine de clairvoyance, Xavier Bertrand l’annonçait dès hier matin en disant s’attendre à de mauvais chiffres de l’emploi «pendant des mois et des mois». Il est donc urgent de considérer que la crise est là. Plus profonde qu’on nous le dit. Et ne plus se co