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Libération
TRIBUNE

Crise et promesses non tenues

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par Kofi A. Annan et Michel CAMDESSUS
publié le 5 novembre 2008 à 6h51

L’histoire et nos expériences personnelles nous ont appris deux leçons. La première est que, en temps de crise, ceux qui en sont le moins responsables en pâtissent le plus, alors qu’ils sont les moins préparés à y faire face. La seconde est que, si les crises peuvent être occasions de réformes, voire de changements radicaux, de telles occasions sont rares. Il faut donc les saisir et mettre tout en œuvre pour éviter que de telles catastrophes ne surviennent à nouveau. Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, il nous faut donc créer un nouveau dispositif de prévention équitable, effectif et efficace.

Ceci s’impose pour la débâcle financière actuelle. Il s’agit, d’abord, d’en prendre la mesure : ralentissement économique global, commerce international réduit, compétition accrue pour les financements, fuite des investisseurs vers des valeurs refuges. Les budgets sont sous pression et l’aide publique au développement menacée. Les gouvernements des pays industrialisés concentrent leurs efforts sur la protection de leurs consommateurs et de leurs contribuables. Il faut rappeler pourtant que les pauvres et les pays défavorisés pourraient vite avoir à payer le prix le plus élevé pour un désastre auquel ils n’ont pas contribué.

Une réponse à la crise qui ne prendrait pas en compte leurs besoins ou, pire encore, qui aboutirait à réduire le soutien dont ils bénéficient, serait d’une injustice flagrante. Nous partageons tous une responsabilité dans la persistance de la pauvreté, de la faim,