«Les gens apportent leurs économies et veulent tout changer en euros ou dollars. Mais aujourd’hui, je n’ai déjà plus d’euros…»
Depuis son petit kiosque près de la gare de Biélorussie, au centre de Moscou, Rouslan, agent de change, peut témoigner que la crise, d’abord boursière et financière, a maintenant gagné la rue en Russie.
«Ça a commencé fin octobre, raconte cet économiste du trottoir. Puis, cela s’est accéléré ces derniers jours, et nous ne sommes certainement qu’au début. Nous allons bien tomber jusqu’à 30 roubles pour 1 dollar»,
prédit-il. Hier, sur ses tablettes, le taux de change était de 28 roubles pour un dollar.
Combat. Dans de nombreux autres points de change de Moscou, hier, les dollars aussi bien que les euros étaient épuisés. Après plusieurs semaines de combat acharné pour défendre le rouble, et près de 110 milliards de réserves ainsi partis au vent, la Banque centrale de Russie a annoncé cette semaine qu'elle laisserait la monnaie russe se dévaluer en douceur, provoquant une nouvelle ruée sur les euros et les dollars. La Banque centrale n'avait plus guère le choix, le rouble étant étroitement liée au cours du pétrole, souligne Vassili Solodkov, professeur à l'Ecole supérieure d'économie de Moscou. «Sans cela, la Banque centrale se serait bientôt trouvée à court de réserves. Il fallait dévaluer le rouble, la question est plutôt de savoir s'il fallait l'annoncer, car logiquement tout le monde s'est précipité pour acheter des devises étrang