Une onde de frayeur parcourait hier les cercles politiques et économiques espagnols : que faire si un des deux géants russes de l'énergie, le gazier Gazprom (17 % des réserves mondiales de gaz) ou le pétrolier Loukoïl acquérait 20 % du capital de Repsol, le groupe pétrolier national ? Le gouvernement Zapatero a fait savoir qu'il voyait cette possible opération «de manière très négative».
«Monopole». Le leader de la droite, Mariano Rajoy, est plus tranchant : «Il serait inadmissible qu'une entreprise russe, publique et en situation de monopole [Gazprom, ndlr], entre au capital de Repsol. J'espère que Zapatero ne l'envisage pas. Nous n'avons pas besoin de ça.» Une référence au fait que l'Espagne, qui importe l'essentiel de son gaz (d'Algérie et d'Egypte), est un des pays de l'UE les plus dépendants sur le plan énergétique.
Cette bombe est sortie mercredi de la bouche d'Alexander Zhukov, vice-Premier ministre russe en visite à Madrid. «Gazprom étudie l'option d'un achat de 20 % de Repsol», a-t-il lancé à Miguel Sebastián, son homologue espagnol hébété. Au point que l'interprète a dû répéter trois fois la phrase. Madrid sait que Gazprom - utilisé par Vladimir Poutine comme une arme politique - poursuit une stratégie d'expansion au sein de l'UE, son principal client.
Géants. Concrètement, Gazprom rachèterait les 20 % de Repsol que possède Sacyr, un des géants du BTP espagnols affaibli par l'éclatement de la bulle immobilière. Hier, Sacyr a confirmé