A 10 heures, on ferme les portes. Ce matin-là au centre d'emploi des étudiants de Pékin, le compteur électronique affiche 993 visiteurs en moins de deux heures. C'est trop. En temps ordinaire, le compteur s'arrête en fin de journée à 1 500. A l'intérieur, c'est la cohue. Le directeur de cette agence des cadres, enchaîne réunion et interviews, bousculé, pressé : «On subit la crise comme tout le monde, les diplômés comme les autres, explique Ren Zhanzhong. Les entreprises annulent les recrutements, surtout celles qui exportent.» C'est justement devant celles-là que s'amassent des centaines de jeunes diplômés, titulaires de l'équivalent d'une maîtrise et plus en finances ou économie.
«Fonctionnaire». «Ils paient mieux, dit Wang Wei, 21 ans, son ordinateur portable en bandoulière. Mais je crois qu'on arrive au mauvais moment.» Les filières autrefois prises d'assaut, banques ou sociétés de Bourse, ne font plus le plein. Et à présent, ce sont les prospères usines du delta des Perles, fleurons des années de croissance à deux chiffres, qui ferment. Les jeunes ne savent plus vers où se tourner : «C'est simple, je rêve d'un boulot de fonctionnaire, n'importe lequel, même mal payé», confie une très jeune fille, une peluche accrochée à son sac rose verni. Dans les minuscules échoppes occupées par les recruteurs, aucune annonce ne correspond à son rêve. Zhou Yie, 22 ans, est sortie de l'université de Chengdu en juin, elle est expert-comptable : <