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Libération

Une instruction à sens unique

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Les juges semblent ne prendre en compte que les éléments favorables à la banque.
publié le 18 novembre 2008 à 6h51

Le 24 janvier 2008, quand l'affaire Kerviel est révélée au public, elle semble simple. D'un côté, il y a une banque qui vient de perdre 4,9 milliards d'euros par la faute des agissements d'un trader peu scrupuleux : un «fraudeur, terroriste et un escroc» explique Daniel Bouton, le patron de la Société générale. De l'autre, il y a un ex-salarié, Jérôme Kerviel, qui, à sa première comparution devant la police, le 26 janvier, admet sa pleine et entière responsabilité et détaille aux policiers son mode opératoire pour spéculer en toute liberté jusqu'à 50 milliards d'euros. Le trader saisissait «simplement» dans le système informatique des opérations fictives qui allaient dans le sens inverse de ses prises de position réelles (un achat authentique était compensé par une vente imaginaire). Pendant des mois, personne ne s'en est rendu compte. Sitôt ces aveux passés, le trader est mis en examen par les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset pour «abus de confiance», «faux et usages de faux» et «insertion de fausses données dans un système de traitement automatisé de données informatiques». Et pour que l'histoire soit limpide, le parquet demande, et obtient, pour quelques semaines, la mise en détention du fautif. Car qui va en prison sinon un coupable?

Mais ce roman n’a pas résisté à l’épreuve des faits. D’abord parce que l’enquête judiciaire a avancé. Mais surtout parce que la Société générale a dû composer avec des marchés qui n’ont pas aval