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Enquête

A Paris, Veolia et Suez perdent les eaux, la Ville reprend la main

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La remunicipalisation de la distribution d’eau, déléguée au privé depuis 1985, doit être votée aujourd’hui.
La distribution d'eau potable sera gérée par la mairie de Paris à partir de janvier 2010. ((Toby Melville / Reuters))
publié le 24 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 24 novembre 2008 à 6h51)

Paris dit adieu à la Compagnie générale des eaux et à la Lyonnaise des eaux. La Ville doit voter aujourd’hui le retour en régie municipale de la distribution d’eau, que les deux filiales des multinationales (respectivement Veolia et Suez) s’étaient partagée en 1985 sous la mandature de Chirac. Une décision symbolique d’un retour du public dans la gestion de l’eau, qui pourrait donner des idées à d’autres villes.

En France, la gestion de l’eau, attribuée aux communes depuis la Révolution, est massivement confiée au privé. Ainsi, 72 % des habitants boivent un liquide acheminé par Veolia, Suez Environnement ou la Saur, le plus petit des trois leaders français de l’eau. Il ne s’agit pas de privatisation, mais de délégation de service public.

«Ce sont des contrats très encadrés, régis par des règles particulières, explique Stéphane Saussier, économiste à la Sorbonne, et spécialiste des partenariats public-privé. A priori, les grandes villes ont les moyens juridiques pour obtenir de bons contrats avec les entreprises privées.»

Corruption. Sauf que, par le passé, les contrats d'eau ont souvent été synonymes d'abus en tout genre : durée de la concession très longue (vingt-neuf ans à Paris), opacité des marges dégagées par les opérateurs, utilisation de la facture d'eau pour financer d'autres services communaux… Voire de corruption, comme à Grenoble à la fin des années 80.

Selon l'UFC-Que Choisir, le résultat a été un prix de l'eau beaucoup trop élevé.