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Libération

L’impasse des gauches européennes

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publié le 26 novembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 26 novembre 2008 à 6h51)

Les socialistes français, on sait. On ne le voit et ne l’entend que trop, mais les autres ? Eh bien, récolement et grotesque en moins, le reste de la gauche européenne est aussi mal en point. Recours à l’Etat et relance par la demande, partout, ses idées triomphent mais, partout, elle perd du terrain. Alors même que l’échec des recettes libérales et la récession mondiale qui s’ensuit devraient la porter au plus haut des sondages, alors même qu’elle devrait s’apprêter à revenir aux commandes dans toutes les capitales de l’Union, la gauche européenne demeure incapable de se faire entendre, essoufflée, muette, engluée, en Allemagne, dans une coalition avec la droite, obligée de s’allier aux conservateurs en Autriche, renvoyée dans l’opposition en Italie et ne sachant plus, nulle part, pas seulement en France, si elle doit chercher son salut dans une radicalisation ou un ancrage au centre. Retour en arrière, pour tenter de comprendre.

Aux lendemains de la guerre, la gauche était idéologiquement dominante. Socialistes ou conservateurs, les gouvernements n’avaient pas d’autre choix que de mener des politiques keynésiennes, interventionnistes et sociales, car tout le commandait. L’obligation de s’appuyer sur la puissance publique pour financer la reconstruction assurerait aux Etats un rôle incontournable. La peur du communisme et le plein-emploi créaient un tel rapport de forces entre le Capital et le Travail que les grèves se soldaient par une progression des salaires et des protec