C’est l’histoire d’une dégringolade. Le Premier ministre, José Luis Zapatero, fuit aujourd’hui comme la peste l’ancien chevalier blanc des socialistes au pouvoir. Symbole du BTP espagnol triomphant, Luis de Rivero, 49 ans, incarne désormais l’effondrement du secteur et l‘éclatement de la bulle immobilière. Petites lunettes vissées sur un nez proéminent, moustache grisonnante, l’ex-magnat est tombé de haut.
Seigneurs. En 2007, au faîte de sa renommée d'industriel audacieux, le patron de Sacyr Vallehermoso, un des principaux constructeurs nationaux, lançait une OPA sur le français Eiffage - ensuite contrariée -, devenait le principal actionnaire du pétrolier Repsol, et raflait les plus gros contrats dans le BTP. C'était encore l'heure de gloire des seigneurs du «ladrillo» (la brique) : Sacyr réalisait alors 976 millions d'euros de bénéfices net (+ 74 % annuels) et, selon la revue Forbes, Luis de Rivero était la 14e fortune d'Espagne avec un patrimoine d'1,7 milliard d'euros. Pas mal pour ce fils de militaire de Murcie (sud-est du pays), ingénieur des Ponts et Chaussées, qui se plaçait ainsi au coude-à-coude avec les oligarques de la finance.
Aujourd’hui, comme ses homologues du BTP, ce joueur de poker invétéré a perdu une bonne partie de sa mise : en un an, les dix principaux constructeurs ont vu s’envoler 12 milliards d’euros et, à la fin de l’année, près d’un million de logements construits récemment n’auront toujours pas trouvé acquéreurs. Mais