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Libération
Interview

Les décideurs ne sont pas à la hauteur

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Manque de volonté politique, défi de société et imépratif générationnel : l'économiste Jean-Paul Fitoussi et l'élu Daniel Cohn-bendit débattent d'un environnement favorable à la croissance.
publié le 5 décembre 2008 à 6h52
(mis à jour le 5 décembre 2008 à 6h52)
La crise financière peut-elle être une chance pour résoudre la crise environnementale ?

Daniel Cohn-Bendit. Je ne dirais pas une chance, plutôt un défi. On pourrait profiter de la situation actuelle pour prendre conscience qu'on est à un carrefour de crises : crise financière, crise écologique, crise de la mondialisation, crise de la démocratie. Et que si on ne répond pas à toutes ces crises en même temps, on n'y arrivera pas. Ce qui se passe dans l'industrie automobile en est le meilleur exemple. Tout cet argent qu'on veut injecter dans ce secteur, ça veut dire quoi ? Quelle vision a-t-on ? Est-ce que l'automobile n'est pas la sidérurgie d'aujourd'hui ? Pour moi, la crise nous oblige à repenser radicalement le rapport entre écologie et économie.

Jean-Paul Fitoussi. Même s'il est terrible car annonciateur de souffrances sociales graves, nous vivons un moment privilégié où tout devient possible. Pourquoi ? Parce qu'on a abandonné une doctrine qui nous paralysait, fondée sur le paradigme de la régulation interne selon lequel l'économie était capable de s'autoréguler. Cette doctrine s'écroule au profit de la théorie de la régulation externe. Que dit celle-ci ? Si on laisse le système s'autoréguler, alors on rencontrera le chaos. C'est ce qui se passe aujourd'hui. C'est donc le moment ou jamais de nous débarrasser de notre emprisonnement doctrinal.

L’environnement, dans ce contexte, peut-il être un des moyens de relancer la machine ?

D. C.-B. Il y a un an, on a lancé l'idée d'un green deal et on nous regardait, ahuri. Aujourd'hui, tout le monde ne parle que de ça ! C'est vrai que la réponse à