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Libération

Les grévistes de 1948 réclament justice

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Soixante ans après, seize anciens mineurs du Pas-de-Calais sont devant les prud’hommes pour licenciement abusif. Ils attendent la décison des juges aujourd’hui.
publié le 15 décembre 2008 à 6h51

Daniel Amigo avait 21 ans. «C'était en 1948, on a fait un piquet de grève. Jules Moch [le ministre de l'Intérieur de l'époque, ndlr] a envoyé la police, l'armée et compagnie. J'ai été arrêté.» Envoyé deux mois à la prison de Béthune pour «entrave à la liberté du travail». «Ça a été vite bâclé.» Daniel a fait appel : «Un mois de plus, et 6 000 francs de l'époque d'amende !» De retour chez lui, il apprend qu'il a perdu son emploi et son logement, fourni par l'entreprise. Comme environ trois mille mineurs au terme d'une grande grève en octobre et novembre 1948.

Soixante ans après, Daniel Amigo, 81 ans, avec seize autres anciens mineurs du Nord de la France (certains, morts, sont représentés par leur famille), a demandé au tribunal des prud’hommes de Nanterre de reconnaître que son licenciement par Charbonnages de France était abusif. Le droit de grève avait été inscrit dans la constitution en 1946. Les juges doivent rendre leur décision aujourd’hui - s’ils ne renvoient pas l’affaire en départage.

Autorisation de tirer. A l'automne 1948, la grève est massive, les houillères paralysées. Les hommes s'opposent à la modification du statut des mineurs voulue par le ministre de l'Industrie, Robert Lacoste. «Ce statut, on l'avait gagné en échange des efforts fournis pour la reconstruction de la France, à la Libération. Et là, ils nous le reprenaient», se souvient Norbert Gilmez, 87 ans. En 1948, on est aux prémisses de la Guerre froide (les ministres co