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Libération
EDITORIAL

Opaque

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publié le 19 décembre 2008 à 6h51

Désormais la crise financière a un visage. Celui un peu distant, détaché, comme surpris, de Bernard Madoff, tel que les photos du temps de sa grandeur nous le montrent.

Il est le visage de la crise parce que celle-ci est née de l’arrogance, de l’avidité, de l’opacité du système financier des années 80 devenu fou, peu à peu. Certes son activité ne concernait pas les subprimes ; elle relève de l’escroquerie pure et simple. Mais elle s’est développée dans un milieu où la recherche de gains spectaculaires alliée à la création de produits financiers de plus en plus complexes, permettait presque tout.

Cet état d’esprit s’est propagé de part et d’autres des guichets. Les clients fortunés voulaient en être, profiter de la nouvelle finance. Certains en faisaient même une affaire de statut social.

Ce qui est plus inquiétant est la façon dont des banques et intermédiaires reconnus sont entrés dans la pyramide infernale.

Question de confiance, disent certains d’entre eux. Face à l’opacité des montages, au renom de Madoff, il semblerait qu’un certain nombre d’institutions n’aient pas poussé jusqu’au bout leurs vérifications. L’empilement des supports financiers, leur enchevêtrement, les rapports d’audit gigognes, les options, les dérivés, les fonds de fonds… Tout cela a constitué un méli-mélo sur lequel certains professionnels ont préféré fermer les yeux. Au grand dam de leurs clients.

Bernard Madoff a bien trompé son monde, il a joué un jeu digne des plus grands escrocs. Mais il est sans dou