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Libération
Interview

«La mode de la minceur»

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Rachel Beaujolin-Bellet, spécialiste des restructurations d’entreprises :
publié le 27 décembre 2008 à 6h51

Rachel Beaujolin-Bellet est professeure au département hommes et organisations à la Reims management school. Elle est spécialisée dans l’étude des restructurations.

Les groupes profitent-ils de la crise pour restructurer plus que nécessaire ?

Depuis l’affaire Danone (1), les grandes entreprises ont été contraintes de construire des justifications pour rendre leurs restructurations socialement acceptables. La crise actuelle en est une toute trouvée. Mais, dans certains cas, ces restructurations ne sont pas tant dues à la crise économique qu’à la volonté des dirigeants d’améliorer leur compétitivité, une quête permanente depuis quinze ans et qui a peu à voir avec la crise : transférer des lieux de production vers les pays à bas coûts, rationaliser l’organisation de l’entreprise en supprimant des niveaux hiérarchiques, réduire le nombre de cols blancs… En période de crise, les risques de conflits sociaux, relayés par les médias et qui entachent l’image de l’entreprise, sont partiellement gelés. Difficile pour les journalistes ou les syndicats de dire en ce moment en restant crédibles : «La crise a bon dos !»

Mais les entreprises peuvent-elles faire fi de cette course à la compétitivité ?

Une entreprise qui se retirerait de cette course serait dans la position de l'outsider. Elle prendrait un risque. En cette période de recherche de capitaux, ces restructurations sont des signaux envoyés aux analystes financiers.

Alors ont-elles le choix ?

Il existe d’autres stratégies que la baisse des effectifs. Je pense par exemple aux entreprises familiales, où les dirigeants vont tenter de construire des stratégies conciliant l’économiq