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Libération
Interview

Une nouvelle régulation reste à inventer»

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publié le 27 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 27 décembre 2008 à 6h51)

Robert Boyer est un économiste hétérodoxe, chef de file de l'«Ecole française de la régulation» née dans l'euphorie des années 60, en réaction à l'enthousiasme du prix Nobel d'économie Paul Samuelson, qui s'était laissé aller à baptiser l'économie de «science joyeuse de la croissance». Pendant les Trente Glorieuses, le mode de régulation fordiste a dominé la plupart des économies occidentales, jusqu'à l'avènement du mode de régulation patrimonial. C'est justement ce système qui vole en éclats sous nos yeux depuis le début de la crise des subprimes. Au point qu'une nouvelle régulation financière, économique, sociale et publique, s'impose. Autant dire que la crise s'inscrit dans le temps, en 2009 c'est certain, si ce n'est au-delà. Robert Boyer a publié Une théorie du capitalisme est-elle possible ? (Odile Jacob) et Théorie de la régulation : l'Etat des savoirs (la Découverte).

Pouvez-vous expliquer l’origine de la crise actuelle, à la lumière de vos travaux portant sur la croissance fordiste de l’après-Seconde Guerre mondiale ?

Aujourd’hui, toute la presse s’interroge sur les parallèles et différences entre la Grande Dépression de 1929-1932 et la crise des produits dérivés du marché hypothécaire américain, dite crise des subprimes. Or l’analyse du krach boursier de 1929 a été le point de départ des travaux des régulationnistes sur l’exceptionnelle croissance de l’après-Seconde Guerre mondiale. De nos jours, les économistes s’accordent pour dénoncer les erreurs d’appréciation des responsables américains quant à l