Sur un carrefour prisé de Ginza, quartier huppé de Tokyo, des Japonais glissent sagement sur un long passage piéton, avant de pousser les portes tournantes du Sony Building, vitrine futuriste et showroom du groupe fondé il y a cinquante-huit ans. Dans un petit hall rouge et noir, une hôtesse en uniforme bleu marine interpelle les clients potentiels. «Découvrez la technologie dernier cri du Bravia ZX1, son écran plat de 40 pouces ; son épaisseur n'atteint pas 10 millimètres, le plus fin du monde…»
Sony (synthèse du latin sonus, le son, et de l'expression d'après-guerre sunny boy, qui désignait à l'époque un esprit libre et novateur) est resté fidèle à ses produits phares. Sauf que l'actualité du fabricant du téléviseur Trinitron (1968), du Walkman (1979), du chien-robot Aibo (1999) ou de la PlayStation (1994) et des PC Vaio, s'avère, ces temps-ci, ternie. Dommage collatéral de la crise «sans précédent» que connaît le Japon, selon le gouvernement, le pionnier nippon vient en effet d'annoncer un vaste plan de restructuration censé lui faire économiser 830 millions d'euros. Résultat : il va supprimer 8 000 emplois (sur 160 000).
«Quasi impuissant». Le groupe vient de fermer son usine de bandes magnétiques en France (à Dax) et se prépare dans la douleur à une réduction de 30 % de ses investissements l'an prochain (notamment en Europe). Cadors traditionnels de leur secteur, les rivaux japonais de Sony, maîtres de la puce, de l'inf