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Libération
Interview

«La crise actuelle renforce le modèle de la France»

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Pour Henri Sterdyniak, de l’OFCE, l’Hexagone est armé pour mieux résister :
publié le 30 décembre 2008 à 6h51

Henri Sterdyniak est économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

La France résiste mieux que ses voisins européens. Pourquoi ?

Ce n’est pas vraiment une surprise. Nous avons des spécificités qui nous protègent de la crise. En matière de commerce extérieur, par exemple, nous sommes moins spécialisés que certains pays. Nous n’avons pas de points forts comme l’Allemagne avec ses exportations de biens d’équipements. Or, avec la crise, les investissements des entreprises ont reculé, et l’Allemagne a accusé une chute de 0,5 % de sa croissance au troisième trimestre. La France a aussi un taux élevé de transferts sociaux (retraites, Sécurité sociale…) et une fiscalité développée qui permettent de maintenir les revenus, d’amortir les chocs. Et de soutenir la consommation.

La France est souvent accusée de trop protéger ses emplois…

On connaît effectivement en France une certaine inertie dans l’emploi des salariés. Elle conduit les entreprises à garder davantage leur main-d’œuvre que dans d’autres pays quand la conjoncture est mauvaise. Du coup, si la France bénéficie un peu moins des coups d’accélérateur quand la croissance est bonne, elle résiste mieux que ses voisins en cas de crise aiguë.

Pourtant, à l’Elysée, comme à Bercy, on insiste sur les réformes à faire pour se mettre au diapason des autres pays…

On a le choix entre deux stratégies. Soit on opte pour un libéralisme à l’anglo-saxonne, au motif que nos spécificités sont des défauts. Cela veut dire moins de fiscalité et davantage d’investissements à l’étranger. Soit on considère que l’économie doit compter avant tout sur le niveau élevé de la demande intérieure pour assurer la croissance. D’où la nécessité de conserver un taux élevé de dépens