Jean-Claude Juncker est le Premier ministre du Luxembourg et le dernier responsable politique en exercice à avoir participé, en tant que ministre des Finances, à la négociation du traité de Maastricht conclu en décembre 1991 créant la monnaie unique.
Quel bilan faites-vous de la monnaie européenne dix ans après son lancement effectif ?
Si je relie aujourd’hui les articles publiés dans la presse mondiale sur la monnaie unique en janvier 1992, en janvier 1999 et en janvier 2002, je me dis que nous avons davantage eu raison que ceux qui nous ont régulièrement donné tort. Je ne suis pas un déçu de l’euro, mais un heureux de l’euro ! Cependant, je ne suis pas naïf : il faut améliorer la façon dont l’Union économique et monétaire fonctionne, notamment en nous concertant davantage en amont de l’élaboration de nos différentes politiques économiques. En outre, j’avais pensé à l’époque, sans doute sous l’influence de l’unification allemande, que l’union politique européenne ferait des progrès plus rapides grâce à la monnaie unique. Or, si nous avons évité de faire beaucoup de bêtises parce que nous pensions que cela nuirait à l’euro, je ne peux que constater que la monnaie unique ne nous a pas permis de réelles avancées politiques.
L’euro joue-t-il un rôle de bouclier face aux désordres du monde ?
Si nous avions aujourd’hui quinze monnaies nationales, le désordre monétaire en Europe serait dément ! Les changements auraient été brusques. Les monnaies du sud de l’Europe seraient à un plancher inimaginable, le mark serait surévalué au détriment de l’économie allemande et donc de la nôtre. L’euro s’est révélé être un bouclier dans la crise a