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Jean-Paul Fitoussi. Disciple de Keynes, adepte de la régulation, cet économiste de 56 ans, patron de l’OFCE, voit son blason redoré par la crise. Et ses conseils appréciés par Sarkozy.
publié le 31 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 31 décembre 2008 à 6h51)

La crise sonne l’heure de la revanche pour les keynésiens moqués depuis les années 80 par les libéraux à la Friedman. Ces derniers, qui crachaient au visage de l’Etat vécu comme pataud et archaïque, reviennent pleurer misère dans le giron de la puissance publique. Pour autant, l’économiste Jean-Paul Fitoussi, Don Quichotte embrocheur des moulins à vent du marché roi et de la dérégulation, savoure sa vengeance à bas bruit. Voix lente et basse, tenue noire et écharpe rouge, le président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) n’a pas la jubilation ostentatoire. Analyste reconnu et universitaire réputé, il a le mérite de n’avoir jamais abjuré ses convictions interventionnistes. Ce qui n’empêche pas cet homme de gauche revendiqué de dialoguer avec les puissants du moment. Sarkozy n’étant pas le moins sensible à ses conseils.

Aux politiques, il faut toujours des augures lisant dans les entrailles de l'avenir. Fitoussi a beau être sensible à la reconnaissance comme beaucoup d'immigrés traumatisés par le déplacement inaugural, il a l'avantage ne pas se faire girouette de l'air du temps et de lire toujours dans le même marc, fort de café. Il refuse de se voir comme un de ces conseillers du prince qui se renient pour se couler dans les désirs du maître. Il affirme : «On n'est utile que si on dit ce qu'on pense.» Sous Mitterrand, il croise souvent Attali. Avec Balladur et Chirac, les relations sont bonnes, tant les keynésiens ravivent la nostalgie d'u