Pour expliquer la crise financière actuelle, on accuse à bon droit la déréglementation néolibérale et la cupidité des spéculateurs aux Etats-Unis. Mais ce qui est vraiment nouveau, c’est que la généralisation des technologies numériques dans les opérations boursières semble avoir aussi largement contribué à la gravité de cette crise. En effet, elles déréalisent l’économie, dont les produits et services sont de plus en plus fondés sur l’information planétaire et immédiate. Le temps‚ c’est plus que jamais de l’argent. Et il s’est accéléré. L’économie est donc devenue très nerveuse‚ évoluant à la vitesse de l’informatique, alors que les flux des monnaies de la vieille économie‚ fondée sur le travail, les matières premières et sur des systèmes de communication lents‚ étaient beaucoup plus étanches les uns par rapport aux autres et beaucoup plus inertes. La cyberéconomie est devenue un espace-temps hypersensible.
Cette virtualisation de l’économie favorise certes la fluidité des échanges‚ mais aussi l’emprise des pulsions que l’imaginaire peut exercer sur elle, et donc sa volatilité. De fait, ses monnaies ne sont plus des unités de mesure et d’échange du réel, mais la matière première elle-même, numérique, d’une économie soumise aux aléas du gambling. L’accélération des flux de ce jeu financier active aussi sa dynamique événementielle et en fait palpiter intensément les rêves de puissance. Et ses produits toxiques peuvent contaminer la planète entière en un temps record en créant