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n inconnu, critiqué pour sa fadeur et son manque d’envergure, qui se retrouve du jour au lendemain dans la peau d’un des hommes les plus puissants au monde… Le scénario est devenu classique en Russie, depuis l’ascension au pouvoir d’un certain Vladimir Poutine.
Le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, 46 ans, est l’un de ces inconnus, mais fidèles du dirigeant russe, qui ont fait leur carrière dans son ombre. Comme le président Dmitri Medvedev, il ne vient pas des services secrets mais de la période «pétersbourgeoise» de Poutine. Dans l’équipe du nouveau maire de la ville, le réformateur Anatoly Sobtchak, il rencontre Poutine, et travaille bientôt sous sa direction à attirer les investissements étrangers. En 2000, tout juste nommé président après la démission de Boris Eltsine, ce dernier l’appelle à Moscou et le nomme ministre adjoint de l’Energie, un secteur qui lui est complètement étranger. Un an plus tard, il est propulsé à la tête de Gazprom, seul et sans expérience, mais avec une mission claire : réintégrer ce fleuron de l’économie dans le giron de l’Etat. Dans celui de l’entourage de Poutine, disent ses détracteurs.
Il est bientôt rejoint par Medvedev, qui prend la tête du conseil d'administration, et se heurte à l'opposition de la vieille garde des «gazoviks», une caste très fermée d'apparatchiks qui «tiennent» Gazprom depuis l'époque soviétique. On lui reproche sa mauvaise gestion et son manque d'initiative. «Mais ces critiques ignorent souvent à quel point il est diffi