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grand angle

Coulé par les fonds

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A court de trésorerie et lâché par les banques, le patron des chantiers Gamelin s’est suicidé. Retour sur un drame vécu dans le silence.
publié le 16 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 16 janvier 2009 à 6h51)

Avant de se suicider, au gaz, dans son bureau, il a écrit ce mot : «Pardonnez-moi de ne pas avoir pu sauver l'entreprise.» Il avait pris soin de verrouiller l'accès à son étage et choisi de faire son geste entre midi et 14 heures, lorsque les bureaux sont déserts. Il s'appelait Joël Gamelin. A 55 ans, c'était le patron estimé d'un chantier naval de La Rochelle. Le drame s'est passé à La Pallice, l'avant-veille de Noël. «Un geste inexplicable», selon un proche à qui cet ami venait de parler : «Il voulait faire un dernier point sur l'entreprise.» Aucun signe non plus dans l'appel passé à son épouse ce midi-là ne laissait percer sa décision. «Quel gâchis !» constate Marilyne Simoné, vice-présidente de la communauté d'agglomération de La Rochelle, alors que les collectivités locales, aux côtés des pouvoirs publics ont bon espoir de sauver l'entreprise. Son histoire a fait le tour de France lorsque Fanny Gamelin, 23 ans, la fille aînée de Joël, a lancé, via Facebook, une collecte. Emus, des milliers d'internautes ont donné près de 110 000 euros pour les salariés du chantier en détresse, selon le dernier décompte établi sur Facebook.

Les difficultés de l'entreprise étaient connues. La veille de son suicide, une perquisition au domicile et au bureau du PDG avait été effectuée. Quinze jours plus tôt, le chantier Gamelin - 120 salariés sur deux sites, La Rochelle et Saint-Malo - avait été placé en redressement judiciaire. Dans l'entourage de Joël Ga