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Analyse

Le grand écart des emprunts d’Etat menace la zone euro

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Inquiet du fossé qui se creuse entre ses membres, l’Eurogroupe se réunit lundi.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 16 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 16 janvier 2009 à 6h51)

Les marchés font un pari. Que la crise va faire voler en éclat la zone euro. Pourquoi ? Parce que depuis le début de la crise bancaire, en août 2007, mais surtout depuis sa contagion à l'Europe, en octobre 2008, l'écart (spread en anglais) de taux d'intérêt s'est brusquement creusé entre l'emprunt d'Etat de référence à dix ans (le Bund allemand) et celui des autres emprunts d'Etat de la zone euro. Autrement dit, les marchés exigent de la plupart des pays qui veulent emprunter pour financer leur plan de relance une «prime de risque» de plus en plus élevée. Une défiance à l'égard de la solvabilité à long terme des Etats et donc leur capacité à rester membre de la zone euro.

Qualité. Ce creusement affolant des spreads inquiète de plus en plus les autorités monétaires européennes. Et l'Eurogroupe, qui réunit les seize ministres des Finances de la zone euro, va se pencher sur le sujet ce lundi.

Les taux d’intérêt à long terme, librement fixés par les marchés (ils varient donc au jour le jour), reflètent la qualité de la signature d’un Etat. Depuis 1995, date à laquelle les marchés se sont persuadé que la monnaie unique verrait le jour, ces taux ont navigué dans une fourchette très étroite. Et permis, à la Grèce ou à l’Italie, deux pays hyperendettés, de se financer dans des conditions proches de celle de l’Allemagne. Cette dernière reste la référence absolue : elle bénéficie des taux les plus bas.

«Eurobligation». Or, depuis le déb