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Libération
TRIBUNE

Vers un autre New Deal

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par Jacques Mistral, économiste à l’Ifri (Institut français des relations internationales)
publié le 20 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 20 janvier 2009 à 6h51)

Voilà Obama au pied du mur ; il faut engager les réformes structurelles, mais l’urgence, c’est de faire face à la dépression qui menace. Est-ce l’amorce d’un nouveau New Deal ? Des commentateurs ont souligné la rapidité avec laquelle la conjoncture s’est dégradée aux Etats-Unis cet automne. Ce qui m’a surpris, depuis août 2007, c’est plutôt la résilience de l’économie réelle, qui a résisté pendant plus d’un an à l’effondrement par pans successifs des hauteurs dominantes de la finance. L’ajustement de la construction immobilière et de la consommation des ménages était prévisible ; tardif, il n’en est que plus brutal comme l’illustre le recul des ventes d’automobiles. Malgré les interventions de la Fed, la distribution du crédit ne repart pas, son président Ben Bernanke appelle à une intervention plus poussée du gouvernement fédéral pour débarrasser les banques des actifs toxiques. Surtout, c’est l’emploi qui en subit les conséquences. L’économie américaine a perdu 2,6 millions d’emplois en 2008, la plus mauvaise année depuis 1945 quand avaient pris fin les grands programmes d’armement ; l’hémorragie s’est accélérée en fin d’année, 500 000 licenciements en novembre, puis en décembre. L’ajustement est violent, c’est le jeu d’un marché du travail flexible, et il a sa dynamique propre résumée par Keynes dans la formule du multiplicateur. La flexibilité accrue des marchés des produits et du travail réintroduit des mécanismes d’ajustement qui rappellent avec effroi la Grande Dépres