Il y a moins d'un an, Damian Catalin était un entrepreneur à succès. Un de ces patrons qui surfait dans l'euphorie sur le boom de l'immobilier - un secteur qui a pesé jusqu'à un cinquième du PIB espagnol. A l'heure de l'effondrement du BTP, ce Roumain se dit «ruiné». Lui, son partenaire espagnol Julian Martin et, potentiellement, les 200 employés de sa boîte de construction, Romtectabi. Depuis le 8 janvier, dans une manœuvre désespérée, il fait la grève de la faim. «J'ai perdu 10 kilos, dit-il. Je me limite à boire du thé.» Il passe ses journées sur un trottoir, à l'est de Madrid, devant le siège du groupe qui n'honore plus ses factures : Obrum-DHO lui doit 700 000 euros, le double d'ici juin en cas de non-paiement.
«Drame». Cet après-midi, une demi-douzaine de ses employés accompagnent Catalin avec des banderoles affichant ces slogans : «Grève de la faim : le constructeur ne paie pas» ou «Les impayés nous jettent à la rue». Les employés d'Obrum-DHO entrent et sortent, sans un regard aux protestataires. Tapant des pieds pour conjurer le froid et la tête enfoncée dans un béret, Catalin ne cache pas sa nervosité. Il revient de l'hôpital, où Martin voit ses ennuis de santé empirer. «Il a essayé de faire la grève de la faim avec moi, mais il n'a pas tenu, dit-il. Moi, je dors dans ma voiture, sur le parking. Je ne lâcherai pas. Je ne le fais pas que pour moi : si on ne me paie pas, il y a 200 familles qui ne pourront plus payer