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portrait

Argent double

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Matthieu Pigasse. Protégé de Strauss-Kahn et Fabius, puis de Minc qui lui a ouvert les portes de la banque Lazard, cet hyperactif qui aime à jouer les hommes liges se revendique socialiste.
publié le 10 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 10 février 2009 à 6h52)

Un banquier de gauche. Cela existe-il vraiment ? Un peu ? Pas du tout ? Est-ce un oxymore, une fumisterie, une bonne blague, une utopie ? En tout cas, l'animal ne court pas les champs. Et quand il existe, il préfère se terrer. Surtout maintenant que la profession a fait, durant toute cette crise financière, l'éclatante démonstration que son arrogance, cintrée gris anthracite et chaussée Paul Smith, Church ou Weston, sait très bien dissimuler un sidérant cynisme.

Alors, oui, Matthieu Pigasse a au moins ce mérite : celui de tenter le grand écart. Il est socialiste (il a sa carte du parti) et banquier d'affaires chez Lazard. Il pourrait se contenter de se déclarer banquier à la ville et de gauche dans l'isoloir. Mais, non, lui assume le tout. Figure de l'establishment politico-financier, il est, à 40 ans, en train de se tailler une réputation de faiseur de deals et de rois, qui n'aime rien tant que se sentir au centre du jeu. «Une sorte de Minc nouvelle génération», commente un connaisseur de la vie des affaires. C'est avec cette étiquette que Matthieu Pigasse sort en librairie sa contribution sur la crise financière.

On a lu le livre et on s'est retrouvé les fesses calées dans un large fauteuil en cuir, au troisième étage du siège de la banque Lazard, dans une salle de réunion aux murs couverts d'immenses écrans plasma. Le signe que le capitalisme mondialisé a toujours besoin de se parler les yeux dans les yeux. Quels que soient les fuseaux horaires. C'est peut-être cel