Avec la spéculation financière et les erreurs de politique monétaire, le protectionnisme fait figure de grand accusé dans le déclenchement de la crise de 1929 puis de la Deuxième Guerre mondiale. Il peut donc être utile, alors que les accusations, ou les demandes, de protectionnisme montent de toutes parts, de s'interroger sur ce qui s'est passé.
D'abord le protectionnisme n'est pas né avec la crise de 1929, puisqu'il était déjà élevé en 1914. Après avoir expérimenté toute la gamme des contrôles du commerce extérieur pendant la Première Guerre mondiale, les Etats ont ramené à 24,9 % en 1929 les droits de douane sur les produits manufacturés, comme avant-guerre (24,6 % en 1913). Pourtant ces chiffres sont un peu trompeurs, car des instruments nouveaux et discrets, par exemple des cartels et des monopoles nationaux ou des aides directes et indirectes, soutenaient les productions nationales. Surtout, le contexte xénophobe et nationaliste favorisait l'adoption de mesures désignant les étrangers comme coupables de la crise.
Soutenues. D'un point de vue douanier, on retient en général comme point de départ de la réaction protectionniste, la loi américaine Smoot-Hawley du 17 juin 1930. Face à cette loi, 25 pays augmentèrent à leur tour leurs tarifs douaniers, ou mirent en place des quotas. Dans la plupart des pays ces mesures ont été massivement soutenues par la population. Protectionnisme et désordres monétaires internationaux ont alors entraîné une baisse de 60 % de la valeur du co