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Interview

Antoine Bouet, spécialiste du libre-échange : «Rien ne freinera les délocalisations»

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Antoine Bouet, spécialiste du libre-échange :
publié le 12 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 12 février 2009 à 6h51)

«Il ne fait aucun doute qu’un retour au protectionnisme aggraverait la récession. Il serait en outre inefficace et inéquitable pour des pays comme la Chine ou l’Inde qui, on l’oublie parfois, concentrent entre un tiers et la moitié de la pauvreté mondiale. Des scénarios protectionnistes ont déjà été étudiés. Tout en respectant les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), cela se traduirait par une perte annuelle du commerce mondial de 1 358 milliards d’euros avec des chutes d’activités massives dans tous les secteurs et tous les pays. L’adoption en Europe et outre-Atlantique d’un protectionnisme significatif se traduirait forcément par une chute des exportations. Comme les produits importés vaudront plus chers, les consommateurs seront touchés dans leur pouvoir d’achat. Même sanction pour les entreprises qui, outre leurs difficultés accrues pour exporter, payeront plus cher leurs approvisionnements avec en bout de chaîne une hausse des coûts de production. On le voit bien, le protectionnisme ne peut que mener à un appauvrissement général.

«Le plus inquiétant dans ce réflexe protecteur, c’est qu’à la fin c’est toujours la faute des étrangers et surtout pas celle de problèmes internes que l’on n’a pas su résoudre. Personne ne conteste que l’émergence de la Chine ou de l’Inde constitue un défi redoutable pour les vieux pays industrialisés. Mais la globalisation n’est pas que synonyme de déclin du textile, elle booste aussi l’agroalimentaire ou le luxe. Les pays émerg