«Il est urgent dans cette période de crise de procéder à un déniaisement collectif sur le sujet du protectionnisme. Quel est le problème ? Depuis 2001, l’Europe n’a pas, ou si peu, connu de croissance solide et durable. Les seuls qui en ont bénéficié comme l’Angleterre, l’Irlande ou l’Espagne l’ont joué «à l’américaine», en basant leur prospérité artificielle sur toujours plus d’endettement afin de retarder l’inévitable. Quant à l’Allemagne, la plus mondialisée des économies européennes, elle n’a maintenu sa compétitivité qu’au prix d’une déflation salariale de moins en moins tenable.
«La raison de cette absence de croissance ou de croissance artificielle tient à un facteur clé : le phénoménal décollage depuis 2000 des nouveaux pays émergents asiatiques (la Chine, l’Inde…). Grâce à une force de travail - y compris de matière grise - infiniment moins chère que dans les vieux pays riches, ils ont mis en déroute des pans entiers de notre industrie. D’où la nécessité de corriger temporairement par des «droits compensatoires» ce dumping social, environnemental et fiscal. Il ne s’agit pas de mettre en place une protection commerciale indiscriminée, de rentrer dans une guerre avec les Américains ou de remettre en cause la liberté des échanges en Europe, très bénéfique.
«Toute la difficulté tient à ce que, dans ces conditions de sauve-qui-peut, on risque au contraire de voir se multiplier des mesures improvisées, désordonnés et discriminatoires dans le mauvais sens du terme. Par exemp