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Libération

Le spectre de l’expropriation de retour outre-Rhin

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Allemagne . L’Etat prêt à la manière forte pour sauver une banque.
publié le 19 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 19 février 2009 à 6h51)

C’est un pas historique que s’apprête à franchir Berlin et il fait grincer bien des dents. Le gouvernement a présenté hier un projet de loi dont l’énormité choque même la majorité : il donne jusqu’au 30 juin à l’Etat le pouvoir de nationaliser les banques en expropriant au besoin leurs actionnaires. Le texte est dicté par l’urgence et taillé sur mesure pour la banque d’investissement Hypo Real Estate (HRE), dont les difficultés menacent la stabilité budgétaire du pays : l’Etat s’est porté garant de crédits accordés à la banque à hauteur de 87 milliards d’euros. Il lui faut donc à tout prix éviter la faillite de celle-ci.

Perte sèche. Or Hypo Real Estate, qui doit bientôt présenter ses résultats, ne respecte plus l'obligation de fonds propres imposée par la loi. «L'organisme chargé de contrôler le bon fonctionnement des marchés, la BaFin, devrait immédiatement fermer la HRE, note le quotidien des affaires Handelsblatt.Mais les experts s'accordent pour dire qu'il faut coûte que coûte sauver cette banque.» D'où le recours possible à l'expropriation des actionnaires, une mesure impopulaire dans un pays qui a connu deux dictatures - nazie et communiste - ayant usé de l'expropriation. Dans le cas de la HRE, l'Etat veut procéder à la nationalisation de 95 % du capital en vertu de la loi de sauvetage du système bancaire mise en place à l'automne. Mais un investisseur américain, Christopher Flowers, entrave ce projet. Flowers a acquis à prix