Et tout d'un coup, les entreprises découvrirent la solidarité. C'est la crise, et des directions commencent à organiser l'entraide (souvent forcée) entre salariés. C'est le cas à Renault, avec son «contrat social de crise» (lire ci-contre). A Hewlett-Packard - qui a annoncé 25 000 suppressions de postes en septembre -, les salariés ont reçu un mémo de leur PDG, Mark Hurd, annonçant que dès mi-mars, pour limiter une nouvelle «réduction massive des effectifs», son salaire de base sera amputé de 20 % et celui de cadres dirigeants de 15 %. Bientôt, les cadres américains devront à leur tour lâcher 5 % et les simples employés 2,5 %. En France, les discussions vont s'amorcer avec les syndicats. Pierre Boisard, sociologue au CNRS (1), revient sur ce partage des coûts de la crise.
La solidarité imposée aux salariés, n’est-ce pas une manière pour l’entreprise de se décharger du coût de la crise ?
Sur le principe, il est normal que toutes les catégories professionnelles concourent à limiter les baisses de salaires - dans le cadre du chômage partiel - ou les licenciements. Mais ça peut aussi être l’occasion pour les dirigeants et hauts cadres de se défausser sur l’ensemble des salariés. Faire abonder les cadres à un fonds de solidarité, c’est bien, mais les cadres très supérieurs devraient participer plus que proportionnellement pour que ce système soit légitime. Que ceux qui gagnent plus d’argent, donnent plus de temps. Depuis dix ans, les inégalités n’ont fait qu’augmenter, la crise doit être le moment de les atténuer. Si le PDG gagne toujours 200 ou 300 Smic, la solidarité ne sera qu’inéqui