L'un apporte un Jésus tout en or sur sa croix, l'autre des cuillères en argent, un troisième sa chevalière… Avec la crise économique, une institution au moins ne désemplit pas : les «lombards», comme on appelle en Russie les officines de prêteurs sur gage, en hommage aux lointains commerçants italiens du Moyen-Age, connaissent même un nouvel essor. «Nous avons plein de nouveaux clients», se réjouit Tamara, employée d'un Votre Lombard, rue du Ienisseï, dans le nord-est de Moscou. «Nous n'interrogeons pas nos clients, mais parfois ils nous expliquent qu'ils ont besoin d'argent pour faire des réparations chez eux, acheter un réfrigérateur ou payer des obsèques, explique cette employée. Ces derniers temps, ils racontent que leurs employeurs ne paient plus les salaires à temps, ils ont été licenciés, leurs salaires ont été réduits, ils n'arrivent plus à rembourser leurs crédits…» Au rez-de-chaussée d'un HLM, le magasin de la rue Ienisseï consiste en une salle d'attente et deux guichets où l'on peut déposer or, argent et bijoux, en échange de quelques milliers de roubles pour un mois. Les murs sont revêtus de plastique, imitant une précieuse boiserie, le décor type pour ces banques du pauvre. «On vient ici quand on est à bout, confie Sacha, gaillard de 23 ans, venu ce jour-là racheter son crucifix en or. Je l'avais acheté en Turquie, du temps où je pouvais encore me payer des vacances. Et maintenant c'est la crise, soupire-t-il. J'a
L’argenterie mise au clou pour passer le mois
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par Lorraine Millot
publié le 28 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 28 février 2009 à 6h51)
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