La marijuana serait-elle la manne providentielle qui manque à la Californie ? Pour certains, oui, crise oblige. «La question économique de la légalisation du cannabis est plus séduisante que jamais et, au moment où changent profondément les relations entre le gouvernement et les gouvernés [aux Etats-unis], il ne serait pas idiot d'avoir un vrai débat sur cette question», estime le juriste Andrew Cohen. Déjà légalisée en 1996 pour ses bienfaits médicaux en Californie, elle y est désormais vantée pour ses vertus… fiscales !
Andrew Cohen n'est pas le seul à le penser. Car la crise budgétaire sans précédent qui traverse l'Etat le plus riche du pays a remis le débat au goût du jour, même si beaucoup restent perplexes. Tom Ammiano, député de San Francisco, a proposé la semaine dernière une loi pour autoriser sans restrictions et taxer la marijuana. L'élu, ami d'Harvey Milk dans les années 1970 - il a joué son propre rôle dans le dernier film de Gus Van Sant, Milk, sur l'accession au pouvoir du premier élu gay des Etats-Unis (lire page25) - calque son schéma sur celui de l'alcool : toute personne de plus de 21 ans pourrait s'en procurer et ainsi en faire profiter les caisses de l'Etat.
Un calcul purement pragmatique : la culture de cette plante alimente la première filière agricole (bien qu’illégale) du Golden State, devant le raisin et les légumes, drainant 14 milliards de dollars par an. Sa récolte est le principal moteur économique du nord de la Californie, et si