Dans Libération du 18 février, Grégoire Biseau sermonnait la gauche qui, selon lui, se serait «enlisée» dans un discours falsificateur sur le partage entre salaire et profit. S'appuyant sur les travaux de Thomas Piketty et de Denis Clerc, il affirmait que cette répartition serait stable depuis 1988 et proche de ce qu'elle était dans les années 60. Il fustigeait les hommes politiques qui évoquent la diminution relative des salaires par rapport aux revenus du capital et qui font preuve d'une «habile mauvaise foi politicienne». Nous ne partageons ni son analyse ni son jugement. Reprenons en effet ses deux critiques, en les confrontant à des données incontestables.
1 - «Aucun économiste de gauche qui a un peu travaillé sur la question n'affirme le contraire.» Cette affirmation légèrement polémique ne tient pas. Il suffit de lire par exemple les travaux de Michel Husson, qui répond point par point à l'analyse de Denis Clerc et qui montre que la part des salaires dans l'économie a diminué de 4,6 points entre 1968 et 2006. Husson n'est d'ailleurs pas le seul. La Commission européenne est arrivée au même constat dans un récent rapport (1). Même Alan Greenspan s'en est publiquement inquiété dans une interview au Financial Times (2). D'autres études très sérieuses - trop nombreuses pour être toutes évoquées ici - montrent que, dans presque toutes les économies développées, la part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué et diminue encore.
2 - «Rien d