Dans la petite maison impeccable de Templemars, près de Lille, ça sent bon les crêpes. Martine, 46 ans : «On n'a pas à se plaindre. J'ai une cousine intérimaire en usine, au chômage avec la crise. Des cousins routiers, au chômage technique. Nous, ça va.» Mais bon, oui, tout a augmenté. «Un sac, à Cora, il n'y a rien dedans, et c'est tout de suite 60 euros.» Dominique, 52 ans : «la dernière facture de gaz, je les ai appelés, j'ai cru que c'était une erreur : 505 euros pour deux mois, 361 l'an dernier à la même époque».
Viande. Lui travaille au tri du courrier à la Banque pwostale. Elle «dans une administration qui subventionne les associations qui hébergent les sans-abri». Alors elle répète : «Je ne peux vraiment pas me plaindre par rapport à eux. On est fonctionnaires, on a fini de payer la maison.» Ils pensent ne pas avoir beaucoup changé, mais font attention. La famille, dans le Pas-de-Calais, ils n'y vont plus que tous les deux mois, au lieu d'une fois par mois. Parfois, Martine refuse d'acheter de la viande à 16 ou 18 euros le kilo, «par principe». Alors, «plutôt que du steak frites, c'est poule au pot souvent le dimanche, ils adorent ça».
Elle fille d'agriculteur, lui fils de petit commerçant de village, «on a eu une éducation stricte, toujours géré le budget de façon serrée». En hiver, beaucoup de soupes. Et en plus, ce soir, crêpes. Les deux garçons se marrent au-dessus de la poêle à cause d