Ils sont plus de trois cents regroupés dans la petite salle du conseil des prud’hommes de Quimper. Certains sont restés dehors, faute de place. A l’intérieur, le banc de la défense est presque vide. Pour représenter le groupe Doux, il n’y a qu’un avocat à avoir fait le déplacement. Seul au milieu des mines fatiguées et dépitées des salariés du géant français de la volaille. Cela fait bientôt cinq ans que leur direction ne leur paie plus leur temps de pause journalier. Et qu’ils se battent pour que justice leur soit rendue. Selon les calculs de la CGT - qui défend leur dossier -, chaque travailleur a été floué de 5 000 euros. Une somme conséquente quand on sait que la plupart des 4 000 salariés du groupe en France sont au Smic ou juste un peu plus.
Après vingt-neuf années passées à éviscérer des volailles sur le site de Châteaulin (Finistère), Danielle Kerdoncuff gagne 1 177,81 euros net par mois. L'an dernier, les salaires ont été augmentés de 0,5 %, alors que l'inflation pointait à 2,8 %. Le groupe Doux n'est pas réputé pour sa fibre sociale dans la région, c'est le moins que l'on puisse dire. «Le sacerdoce de Doux, c'est le non-droit du travail», tranche Michel Le Guellaud, délégué CGT central.
Mauvais coup. Le litige a débuté en avril 2003, lorsque le numéro 1 européen de la volaille a dénoncé l'accord de RTT, en vigueur depuis 1999. Les salariés travaillaient alors 39 heures hebdomadaires, mais avaient droit à vingt-trois jours de RTT et une demi-heure de pau