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La France se fâche tout rouge contre le faux rosé

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Mélanger du rouge et du blanc pour faire du rosé ? Un projet de directive européenne qui autoriserait cette opération scabreuse suscite déjà une polémique.
par Liberation.fr
publié le 10 mars 2009 à 19h37
(mis à jour le 10 mars 2009 à 19h39)

La France, premier producteur mondial de vins rosés, s'alarme face à un projet de directive de l'Union européenne qui autoriserait le coupage du blanc et du rouge pour fabriquer un vin de table rosé. Un breuvage bon marché, mais fort médiocre.

Selon les professionnels de la filière viticole, ce projet, s'il était définitivement adopté, mettrait en péril plusieurs dizaines de milliers d'emplois en France, en particulier en Provence, grande productrice de rosés. «Ce serait un revers terrible alors que la consommation de rosé se développe considérablement depuis dix ans», avertit François Millo, directeur du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP).

Fin janvier, les 27 représentants de l'UE – France y compris - ont adopté un projet de règlement autorisant le coupage entre vin blanc et vin rouge pour l'obtention de rosés ou de rouges plus légers en couleur. Le projet de règlement a été envoyé à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour qu'il puisse être consulté par les pays tiers. Ce n'est qu'après une consultation de 60 jours qu'il sera définitivement validé.

Avec ce «projet rosé», l'objectif de la Commission est simple: libérer l'UE des «entraves oenologiques» pour s'ouvrir de nouveaux marchés, notamment la Chine. Le coupage du blanc et du rouge (beaucoup de blanc et un peu de rouge) pour fabriquer de rosé est déjà pratiqué, notamment par l'Afrique du Sud et l'Australie. Mais il est considéré comme une hérésie par les professionnels français.