Je pense n’étonner personne en écrivant que nous vivons une étrange période. Ni totalement totalitaire, ni éminemment euphorique. Mais une espèce d’entre-deux particulièrement gris misant son va-tout sur les effets d’annonce, de manche, d’image. Quelque chose de lisse aux mains de maîtres en communication.
C’est ainsi, un jour comme un autre, qu’on nous balance ces chiffres: Total a engrangé 14 milliards de profit en 2008.
Le chiffre d’affaire de l’entreprise est de 180 milliards d’euros.
Sa capitalisation boursière, de 89 milliards.
Au même moment, les syndicats annoncent 555 suppressions d'emploi. La direction précise «zéro licenciement» et évoque un «ajustement des effectifs».
555 «ajustements des effectifs», c'est-à-dire, entre autres: 199 à la raffinerie de Gonfreville l'Orcher, 130 au complexe pétrochimique qui lui est associé et 54 à l'usine de butanol de Notre-Dame de Gravenchon qui sera fermée.
De l'ajustement strict, quoi, limite régime de l'été. Heureusement que la France est vieillissante, cela permet de pousser des salariés vers la porte de la retraite miséreuse sans se sentir obligé de les remplacer (je me demande s'ils ont une expression à eux pour «embauche» chez Total… «gonflement exceptionnel des effectifs», «accueil temporaire d'effectif amené à être ajusté peu après»…)
J’ajoute quelques éléments à cette guerre numéraire quotidienne: 6 français sur 10 ont une mauvaise image de Total (1). En septembre 2010, 30